L'envers du décor
Aujourd'hui, c'est Anne qui pilote et a les clefs du site...
"Il y a des vendredis jolis, la preuve, c’est un vendredi que j’ai reçu le premier mail de Nathalie de toute ma vie. Le 8 avril 2005 précisément, j’ai vérifié. Avec le recul, je dois dire que ça devait être un signe.
Nath, elle me disait avec la pêche qui la caractérise qu’elle était présidente d’une association (bilans et chiffres à l’appui), et que comme elle avait trouvé mon blog sympa, et que du coup elle espérait que moi je le serais, ça serait bien si je faisais la pub de son rallye (2ème du nom, à l’époque, que le temps passe).
J’aime bien les gens qui demandent poliment, alors j’ai dit oui, et j’ai dit aussi que ça me donnait envie de faire une équipe de blogueurs. Finalement il y en a eu deux, des équipes, et il n’a pas fallu plus de deux mails pour que Nathalie me procure les photos de Yannick Noah en slip que je cherchais, ce qui, au vu de mon environnement professionnel de l’époque, était une autre forme d’humanitaire.
Et puis on est devenues amies (pas comme sur Facebook, des vraies amies).
Et c’est là que l’envers du décor intervient. Depuis presque trois ans que je côtoie Nathalie, et par extension les Pokanéliens, j’ai... ri.
Chanté en malgache (ah… Mimoza… je ne sais toujours pas bien de quoi ça parle, mais c’est très joli). Soigné des tonnes d’ampoules. Appris à compter en malgache. Craqué sur de jolis objets artisanaux. Soigné d’autres tonnes d’ampoules. Appris des tas de choses sur les us et coutumes des Merinas. Fait un sprint en maillot des All Blacks dans Paris devant un parterre de gens qui regardaient un match de rugby sans les All Blacks. Ri beaucoup. Fait des tonnes de desserts au chocolat.
Mais à aucun moment, je n’ai eu le nez sur l’envers du décor sans l’avoir sollicité.
J’explique : Nathalie m’a raconté des voyages, des rencontres. Des espoirs, des envies pour les enfants, pour leurs parents. Mais toujours avec l’esprit positif qui la (qui les) caractérise.
Chez Pokanel, on vous rend plus heureux et plus intelligents sans vous mettre face à la photo « que nous n’avons pas cru utile de vous cacher », sans vous faire de la surenchère à la misère. Pour vous embarquer avec eux, ils vous parlent des sourires et des rires des enfants qui vont à l’école pour la première fois, ils vous racontent comment ils construisent des dispensaires en bouse de zébu. Ils vous offrent quelque chose en échange de ce vous leur donnez. Mais jamais ils ne vous feront pleurer dans vos chaumières.
Et pourtant, il y aurait matière.
Alors moi, je leur dis « Respect ».
Double respect parce que d’abord, c’est moins facile comme ça. C’est sûr qu’attendrir les petits cœurs à coups de photos difficiles, ça va plus vite, et ça, ils ne font pas.
Ensuite parce que deux fois plus que dans d’autres associations humanitaires, ils serrent leurs dents, très fort. Parce que pour nous, c’est d’autant plus facile d’oublier ce dont il s’agit. On participe, on rigole, on boit des coups, on mange des gâteaux, et cerise sur ledit gâteau, on est même pas obligés de savoir vraiment de quelle misère on parle. Alors de nos déconnades, de nos traits d’humours décalés, je sais que parfois il en est qui font mal. Et que nos amis de Pokanel tressaillent, mais ne perdent pas de vue leur objectif : faire que l’envers du décor soit un peu plus beau, un peu plus teinté d’espoirs.
Alors je le répète. Respect pour Pokanel. Et merci les amis, de nous aider à être des gens meilleurs, aussi.
Vendredi joli à tous !"