Ceux qui partagent le même riz...
A Madagascar, 75% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté.
3 personnes sur 4.
Pas cette pauvreté qui vous oblige à compter le moindre euro, vous prive de loisirs, de sorties, d’insouciance dès le 10 du mois. Un « seuil de pauvreté » dont le mot adoucit encore la réalité de la situation : travailler dur pour espérer acheter le riz nécessaire aux repas du lendemain. Une autre façon de « vivre au jour le jour ».
Il serait plus "juste" de dire que les ¾ de la population à Madagascar vivent en dessous du « seuil de la faim », sans même envisager de se loger, de scolariser ses enfants ou de payer un médecin.
Un des paradoxes de Madagascar est d’exporter en quantité un riz de grande qualité et d’importer pour subvenir aux besoins de la population entre 150 000 à 200 000 tonnes de riz par an, essentiellement de la brisure de riz, bien moins chère que le riz en grains.
Le riz assurant 90% des besoins caloriques des Malgaches, Pokanel en achète plusieurs dizaines de tonnes par an et le distribue régulièrement grâce aux bénéfices générés par notre événementiel organisé à Paris et sur le web.
Anita gère les comptes au plus près, nos moyens ne sont pas infinis.
Nous avons choisi de ne plus avoir aucun intermédiaire (ni chef de Fokontany (l'équivalent du Maire), ni acheteur, ni transporteur,...) pour éviter de se faire voler des sacs de riz, ainsi que toute corruption ou tout business personnel indélicat dans le cadre de notre action.
Par conséquent, l'organisation logistique est longue, tout est à traiter de A à Z, mais avec le même budget, nous achetons 3 fois plus de riz...
Une fois que nos stocks sont constitués, nous passons dans les 3 jours à la remise des aliments aux bénéficaires.
Nos premières distributions de riz nous ont imposé d'adapter très vite l'organisation de l'action qui paradoxalement dans sa dernière phase -espérée positive et souriante- devenait un événement compliqué, électrique et angoissant.
Il est en réalité très difficile de contenir une foule, dans le calme, quand le stress est palpable chez chacun qu'il n'y ait pas assez de riz pour tous et où le premier mouvement de foule peut faire déraper les choses, que quelqu'un soit blessé ou pire... Vouloir "bien faire" ne suffit pas et peut tourner au fiasco, sorti de la réalité d'un contexte.
Au-delà du stress et des risques, nous n'étions pas non plus à l'aise à voir ces files d'attente sans fin avec les gens à la main tendue, dans une position que nous ressentions comme "dévalorisante".
Autant que faire se peut, nous sommes attentifs à faire que tout se passe dans la dignité et avec gentillesse, pouvoir prendre le temps de dire un petit mot d'encouragement, d'échanger un regard, un sourire, en faire un moment d'échange et pas seulement de don.
D'où la confection avant chaque distribution, de bons de riz que les bénéficiaires seront libres d'aller échanger au moment choisi par eux, en fonction de leurs besoins immédiats ou pas, à notre lieu de stockage.
Ces bons de 2kg de riz sont distribués aux écoliers dans le cadre de nos opérations d'éducation de l'hygiène, de remise de prix, de goûters, ainsi qu'aux familles démunies dont les enfants ne sont pas scolarisés des cantons d'Ampitatafika, d'Ambodiafontsy et des villages environnants.
MERCI à chacun d'entre vous, participants enthousiastes à nos événements ! C'est vous qui rendez ce partage possible.
Izay iray vatsy, iray aina, le même riz, la même vie...