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2. Nos actions - Page 19

  • De vous à eux

    C'était dimanche dernier, une matinée très ensoleillée, parfaite pour soulager un peu la détresse de tous ceux présents à votre rendez-vous.

    Au fokontany (l’équivalent d’une mairie) d'Ambodiafontsy, votre générosité convertie en sacs de riz...


    Une amie, star de la chanson à texte, me citait hier soir Corinne Charby : "Et j'vis comme une boule de flipper qui roule avec les oreillers du cœur en boule", eh bien Corinne je te comprends, il vaut mieux les avoir solides les oreillers du coeur parfois.

    Je ne vous fais pas de long discours, Corinne a tout dit et les photos parlent d'elles-même...

    Bien avant 10h, les files d'attente s'allongent déjà devant le fokontany... Les regards sont inquiets, "et si mon tour arrivé, il n'y avait plus de riz ?"...
    Madame Florentine Ramanambe a un mot rassurant et souriant pour tous...


    L'équilibre est fragile... A chaque distribution, notre première préoccupation est que le calme demeure pour que l'opération soit possible...


    Tout se passe à merveille, chacun est servi en kapoka de riz sur présentation de sa carte du fokontany, puis repart avec son précieux sac...


    Les plus petits participent également...


    Pause.
    Cette petite fille, campée droite sur ses jambes, qui serre déterminée la toile de son sac contre elle, doit changer un tout petit peu en bien votre journée...

    ...


    Ce dimanche à Ambodiafontsy, une tonne de riz a été distribuée de votre part.

    Cette joie reconnaissante est pour chacun d'entre vous de leur part à tous.

  • News IV : toxic party, la suite...

    Toxic2.JPG
    La toxic party ou la soirée « Britney s'habille en hôtesse de l'air pour Pokanel » a été mémorable…

    Au cœur de Paris, un jeudi soir, un lounge nous a invités à boire de l’eau
     

    Nous n'avons pas trop malmené la nappe phréatique mais je resterai bien sûr discrète, toute ressemblance avec des blogueuses pouvant exister serait vraiment tout à fait fortuite…
     


    La soirée a même donné lieu à un concours de dessin de très haute volée… Tellement de talents méconnus destinés à le rester !


    Au passage, j’ai remporté le concours, avec le dessin « le plus réaliste » selon Fressine, un peu effrayée par l’image carnassière de son sourire à 72 dents.
    Voici la réalité du modèle pour ne pas me faire traîner en diffamation…

     


    Une récolte intensive de toxics puisque résultat…

     


    15 kg d’antalgiques, antibiotiques pour le dispensaire d’Ambodiafontsy !

    En revanche, qu’est-ce que j’avais dit ?

    Je vous laisse le temps de chercher…

    J’avais dit… 

    Pas de médicaments périmés… et c’est quoi ça, là ?

     


    C’est un médicament qui ne se termine pas en ique et qui devrait être à la poubelle depuis 2004 ! Bravo, hein… Vous pourrez noter mon effort visuel pour fleurir le message à vous faire passer, je lis actuellement "manager par les tulipes"...

    Bon, à part ça, vous avez vraiment assuré sur la toxic party, rien à dire, excepté bravo et merci puisque ce matin vos précieuses boîtes sont arrivées ici…
     

    Le docteur Hanitra et moi avons tout bien rangé comme il faut…
     


    Et c’est peut-être pas encore le Pérou mais à chaque pas on avance !

     


    L’été sera chaud et il faudra ensemble reboire de l’eau !

  • L'envers du décor

    Aujourd'hui, c'est Anne qui pilote et a les clefs du site...

     

    "Il y a des vendredis jolis, la preuve, c’est un vendredi que j’ai reçu le premier mail de Nathalie de toute ma vie. Le 8 avril 2005 précisément, j’ai vérifié. Avec le recul, je dois dire que ça devait être un signe.


    Nath, elle me disait avec la pêche qui la caractérise qu’elle était présidente d’une association (bilans et chiffres à l’appui), et que comme elle avait trouvé mon blog sympa, et que du coup elle espérait que moi je le serais, ça serait bien si je faisais la pub de son rallye (2ème du nom, à l’époque, que le temps passe).

    J’aime bien les gens qui demandent poliment, alors j’ai dit oui, et j’ai dit aussi que ça me donnait envie de faire une équipe de blogueurs. Finalement il y en a eu deux, des équipes, et il n’a pas fallu plus de deux mails pour que Nathalie me procure les photos de Yannick Noah en slip que je cherchais, ce qui, au vu de mon environnement professionnel de l’époque, était une autre forme d’humanitaire.

    Et puis on est devenues amies (pas comme sur Facebook, des vraies amies).

    Et c’est là que l’envers du décor intervient. Depuis presque trois ans que je côtoie Nathalie, et par extension les Pokanéliens, j’ai... ri.
    Chanté en malgache (ah… Mimoza… je ne sais toujours pas bien de quoi ça parle, mais c’est très joli). Soigné des tonnes d’ampoules. Appris à compter en malgache. Craqué sur de jolis objets artisanaux. Soigné d’autres tonnes d’ampoules. Appris des tas de choses sur les us et coutumes des Merinas. Fait un sprint en maillot des All Blacks dans Paris devant un parterre de gens qui regardaient un match de rugby sans les All Blacks. Ri beaucoup. Fait des tonnes de desserts au chocolat.

    Mais à aucun moment, je n’ai eu le nez sur l’envers du décor sans l’avoir sollicité.

    J’explique : Nathalie m’a raconté des voyages, des rencontres. Des espoirs, des envies pour les enfants, pour leurs parents. Mais toujours avec l’esprit positif qui la (qui les) caractérise.

    Chez Pokanel, on vous rend plus heureux et plus intelligents sans vous mettre face à la photo « que nous n’avons pas cru utile de vous cacher », sans vous faire de la surenchère à la misère. Pour vous embarquer avec eux, ils vous parlent des sourires et des rires des enfants qui vont à l’école pour la première fois, ils vous racontent comment ils construisent des dispensaires en bouse de zébu. Ils vous offrent quelque chose en échange de ce vous leur donnez. Mais jamais ils ne vous feront pleurer dans vos chaumières.

    Et pourtant, il y aurait matière.

    Alors moi, je leur dis « Respect ».

    Double respect parce que d’abord, c’est moins facile comme ça. C’est sûr qu’attendrir les petits cœurs à coups de photos difficiles, ça va plus vite, et ça, ils ne font pas.

    Ensuite parce que deux fois plus que dans d’autres associations humanitaires, ils serrent leurs dents, très fort. Parce que pour nous, c’est d’autant plus facile d’oublier ce dont il s’agit. On participe, on rigole, on boit des coups, on mange des gâteaux, et cerise sur ledit gâteau, on est même pas obligés de savoir vraiment de quelle misère on parle. Alors de nos déconnades, de nos traits d’humours décalés, je sais que parfois il en est qui font mal. Et que nos amis de Pokanel tressaillent, mais ne perdent pas de vue leur objectif : faire que l’envers du décor soit un peu plus beau, un peu plus teinté d’espoirs.

    Alors je le répète. Respect pour Pokanel. Et merci les amis, de nous aider à être des gens meilleurs, aussi.

    Vendredi joli à tous !"

  • Votre riz

    "Plus on est de fous, plus y'a de riz", j'emprunte à Katia le titre de son gentil mail pour vous dire un vrai grand MERCI au nom d'Anita, Mino, Agnès, Hery et Mme Ramanambe, à vous tous qui nous envoyez depuis hier vos kilos de riz sur PayPal.

    Aussi injuste que soit cet Ivan le terrible, les corps éprouvés se relèvent et la persévérance, la leur, la vôtre, la nôtre aura forcément raison.

    Je lis ce soir vos comms, vos mails, vos initiatives comme celle d'Aurélie qui organise une collecte en affichant mon post dans le couloir de son service informatique, comme Anne qui relaie sur le web encore et toujours, et ça me rappelle que je ne suis jamais blasée d'être entourée de gens formidables, donc vous pouvez continuer !

    Pour vous informer d'un simple coup d'oeil de la progression de votre sac de riz, je créé ce petit logo qui vous indiquera au jour le jour le nombre de kilos distribués grâce à vous tous. On part sur une tonne, d'accord ? Ou deux ? Ou trois ? Allez !

  • Go ?

    AFP | 24.02.2008 | 20:49

    "Au moins 44 personnes sont mortes lors du passage du cyclone Ivan qui a frappé l'île de Madagascar du 17 au 19 février, faisant également près de 145.000 sans abri, selon un nouveau bilan provisoire communiqué dimanche par les autorités malgaches.

    Un précédent bilan faisait état de 29 morts et près de 70.000 sinistrés.

    "Ce bilan risque encore d'être revu à la hausse", précise le communiqué du Bureau national de gestion des risques et des catastrophes (BNGRC), qui n'a pas pu mener des évaluations dans toutes les zones touchées.

    Le cyclone Ivan, classé dans la catégorie 3 sur l'échelle de mesure des ouragans (échelle Saffir-Simpson), avec des rafales de vent de 230 km/heure, a d'abord touché la petite île touristique malgache de Nosy Boraha (Sainte-Marie), puis une grande partie de l'est de Madagascar.

    A Sainte-Marie (est), première zone frappée par Ivan, près de la moitié des 20.000 habitants (9.626) se retrouve sans-abri, selon le BNGRC.

    Dans le district de Fenoarivo Atsinanana (Fénérive-Est, à 250 km de Antananarivo), en face de Sainte-Marie, on compte 80.217 sans abris, pour une population de 281.000 personnes.

    Au total, plus de 210.000 sinistrés ont jusqu'ici été recensés dans 12 des 22 régions de l'île, Ivan s'étant accompagné de fortes pluies pendant une semaine.

    Le BNGRC relève également "20.000 hectares de rizières inondées dont 15.000 hectares dans la région d'Alaotra Mangoro, premier grenier à riz de Madagascar avec 30% de la production rizicole nationale".

    Vendredi, les autorités malgaches avaient lancé un appel d'urgence à la communauté internationale, pour venir en aide à cette île de l'Océan Indien, déjà parmi les pays les plus pauvres du monde.

    Le travail des services d'urgence, coordonné par le BNGRC, est rendu difficile par la rupture des communications téléphoniques et routières dans certaines régions.

    Ivan "est de même intensité que l'ouragan Katrina qui a dévasté la Nouvelle Orléans aux Etats-Unis en 2005", précise le communiqué du BNGRC.

    Fame, le dernier cyclone ayant frappé Madagascar, le 27 janvier, avait fait 13 morts, 2.792 sans-abri et plus de 11.600 sinistrés. Fame était le premier cyclone à faire des dégâts dans la Grande Ile depuis le début de la saison cyclonique, il y a deux mois.

    En mars 2007, le cyclone Indlala y avait fait 150 morts et 30 disparus."

    Quoi dire de plus dans ce vertigineux océan de chiffres ?

    Peut-être que ce sont autant de gens malmenés encore et encore dans leur chair et celle de leurs enfants.

    Que le riz manque déjà. Qu'il en manquera encore plus que d'habitude. Qu'il n'y en aura pas pour tout le monde. Qu'on n'en mangera qu'une fois par jour. Si on fait partie des plus chanceux.

    Qu'il faut porter les plus petits puisque sur la piste inondée, on a de l'eau jusqu'à la poitrine. Que ça n'a plus beaucoup d'importance finalement d'aller pieds nus. Chaque jour le combat change et rend celui d'hier déjà dépassé.

    Que les épidémies galopent puisqu'on en est réduit à boire l'eau souillée du fleuve. L'absence de choix balaie toutes les mises en garde. Sans pompe à eau potable, on fait quoi ? On meurt ou on tend ses mains au creux du fleuve ?

    Je sors d'une réunion d'investissements à 8 chiffres quand Hery me souffle par mail "tu peux peut-être écrire une petite pensée pour les sinistrés de Mada", j'aurais même envie de détourner quelques millions tu vois... C'est sans compter qu'il faut mentir à Hery sur la provenance même des fournitures de Pokanel... Anita et moi préférons lui faire croire qu'on les achète, de peur qu'il nous oblige à les rendre au bureau en nous excusant... alors je fais comme Hery a dit, j'écris nos pensées... et puisqu'un cyclone à la con n'a pas pu mourir dans l'océan sans ravager des vies auparavant, je compte sur vous pour trouver des solutions. Oui, pas moins.

    Pokanel vous en propose une : le prix du kilo de riz atteint aujourd'hui les 1400 Ariarys (0,50 centimes d'euro), une famille consomme en moyenne 1 kilo de riz par jour.On ouvre un compte spécial "riz", tout le monde s'y met de ses deux euros, on achète un maximum de riz sur place, Mino et moi allons ensuite le distribuer aux sinistrés d'Antananarivo et on vous rend compte illico.

    A votre tour... On fait quoi ?

    EDIT du 26/02 : Merci à tous de vos réactions et remarques pertinentes dans les comms, Anita vient de créer un compte PayPal pour ceux qui connaissent, l'adresse du compte est contact@pokanel.org.
    Pour les autres, pas geeks (comme moi donc), vous copinez avec la Poste, d'accord ?...

  • Non merci d'avance.

    Je reste parfois en arrêt devant certains mails tombés du ciel dans la boîte de Pokanel. Le temps de me demander "est-ce une blague ?" et je réalise que non. Impression confortée par trois petits mots à la fin de ces mails : "Merci d'avance".

    Illustration...

    "Je tombe par hasard sur votre site en faisant des recherches sur les ethnies malgaches. Bravo en tout cas pour vos initiatives.
    Originaire de Madagascar et profession photographe, j'ai entrepris un projet sur les ethnies malgaches portraitisées. C'est pourquoi je me tourne vers vous pour avoir un descriptif précis des particularités de chacune des 18 ethnies. Puisque votre rallye porte sur ces ethnies, je pense que vous devez avoir toutes les infos. J'espère avoir de vos nouvelles bientôt. Merci d'avance. A très vite !"

    "Je me permets de vous contacter car en 2004 j'ai participé à un rallye pédestre organisé par Pokanel dans Paris. Je dois organiser un rallye pédestre dans Paris pour le 28 juin prochain. Vu que je n'ai pas assez de temps, je souhaite utiliser celui que vous aviez fait en 2004. Je souhaite juste avoir les différents parcours que vous aviez fait. J'aimerais bien avoir tous les différents parcours (carnet de route) de chacune des équipes ayant participé à votre rallye 2004, la version pour le jeu et celle corrigée à chaque fois s'il vous plaît. Je vous remercie par avance."

    "Bonjour Nathalie. J'ai vu que tu as fait une bannière pour les blogs "le jour où" et celui de Fressine et je les adore comme ton blog !!! j'aimerais bien en avoir une aussi s'il te plaît et voir ce que tu peux créer pour moi. Merci d'avance !"

    Au passage, je note le taux de politesse inversement proportionnel au taux d'occupation de poils dans la main des rédacteurs. Je note mais ça ne va pas suffire...

    Tout d'abord, le postulat de base : ne jamais me remercier d'avance. C'est plus sûr. Cette expression me paraît tellement annonciatrice d'une chose que je ne vais pas avoir envie de faire, que l'histoire commence mal...

    Ensuite, je soupçonne qu'il subsiste un gros, voire très gros, voire vraiment énorme, malentendu dans l'esprit de quelques non lecteurs de ce blog...


    Pokanel fait en réalité de l'humanitaire pour Madagascar, je veux dire exclusivement pour Madagascar.
  • En chemin (II)

    Comment vous transporter vraiment jusqu'à Ambodiafontsy ce 12 juin ?

    Voici quelques regards croisés...

    Ceux de Lova, Hery et Faniry sous le préau, ils viennent d'apprendre qu'ils iront à l'école en septembre...


    Ceux des parents de Sandrah et Hajaina, heureux de signer pour bousculer ce fichu destin...


    Signer vraiment, être acteurs de ce changement...


    Et puis ceux de leurs chants, de leurs rondes, de leur allégresse...


    J'allais oublier... Soyez en forme le 15, parce que la Team de Pokanel le sera, parce qu'on vous voudrait aussi vivants que les enfants de l'autre côté, là-bas. Avec des regards aussi enthousiastes et rieurs.

    Vous savez quoi ? Vous n'aurez qu'à être formidables ! On n'a qu'à faire comme ça.

  • En chemin (I)

    Au mois de juin, j'ai retrouvé pour une semaine mon taxi-brousse préféré, celui de la ligne G d'Antananarivo vers Ambodiafontsy.

    Une semaine rythmée à Tana pour voir Nicole, rencontrer et convaincre de futurs sponsors pour le prochain rallye parisien, travailler sur nos futurs projets au dispensaire, y apporter du matériel médical neuf et des médicaments, remettre les bourses d'études pour la rentrée de septembre et faire vos courses.
    Donc ce 12 juin, j'ai retrouvé mon taxi-brousse sous le soleil, à côté d'Anosy.
    A mon arrivée, il n'y a que 4 personnes à l'intérieur. Mais pas de fausse joie, ça ne veut pas dire que ce matin, c'est voyage "chacun son siège et respiration pour tous"... ça veut juste dire qu'on a le droit d'attendre jusqu'à ce que le bus soit vraiment plein pour espérer démarrer.

    Alors l'attente commence... Pour aider le mouvement, je fixe chaque passant sur le trottoir en essayant de l'hypnotiser genre "Monte... Monte... Monte dans ce bus... Tout de suite !!!" mais on est loin de l'émeute, faut encore travailler la pratique...

    A l'intérieur du bus, vous remarquerez l'affichage des règles à observer et le nombre de places disponibles. En position debout, c'est double zéro, c'est clair. Mais question nombre de places assises, un oubli malencontreux fera que vous ne vous étonnerez qu'au dernier moment que quelqu'un s'asseoit l'air de rien sur... vous

    Finalement, le bus se remplit soudainement et notre caravane se met en marche.


    Trente minutes plus tard, j'arrive à Ambodiafontsy, heureuse de laisser là mon "voisin du dessus" et son pull en laine qui m'a transformée en Bob l'éponge prête à rendre un litre d'eau...

    Je quitte le bus et la route pour remonter la piste vers le village, direction l'école.
    La distance qui m'en sépare me permet à chaque fois de me rappeler ce qu'on fait ici. Combien ce chemin-là compte pour Anita et moi, combien il est chargé de nos émotions partagées, parsemé de ce qui nous fait sourire, avancer ou nous révolte.
    A chaque pas, j'entends la voix de Bebe qui nous rappelle si souvent combien la seule chose dont nous avons tous besoin est de courage, ce mot qu'elle nous offre avec amour et sagesse comme un talisman, je le vois partout. Tout sur ce chemin respire le courage, des femmes sans âge aux tout-petits déjà si grands. Du silence qui enveloppe les peines au sourire qu'on offre malgré tout.

  • La lettre

     

    Elle est arrivée ce matin.

    Postée du quartier d'Analakely, elle a voyagé pendant deux semaines.

    Ce "Madame Nathalie" écrit avec application... L'expression me transporte immédiatement à Madagascar bien sûr, je n'ai qu'à me retourner pour être au marché, au milieu des petits étals multicolores.
    Ce "Madame Nathalie" qui me colle aux oreilles où que j'aille, parce que j'ai beau dire "Pas besoin du Madame, juste Nathalie, ça sera très bien", c'est peine perdue... L'usage veut qu'à Madagascar, on marque le respect envers son interlocuteur en faisant précéder son prénom du Mademoiselle/Madame/Monsieur.

    La lettre dit que nous nous sommes croisées à Ambodiafontsy au mois de juin, qu'elle est allée chercher les parents de Faniry pour moi, qu'elle n'a pas osé venir me parler, qu'il y avait beaucoup de gens, trop pour qu'elle n'ose prendre le temps de chercher ses mots... Peur de manquer de temps pour me parler "directement"...

    Je me replonge dans cette journée où j'ai remis les bourses d'études à l'école, j'essaie de me souvenir de l'arrivée des parents de Faniry, de qui les accompagnait, je devine une silhouette en blouse blanche, peut-être un visage, je ne suis pas sûre.

    Je me rappelle que je suis restée deux heures à attendre en plein soleil, à fouler de mes tongs la latérite de la cour, parce que la directrice ne m'attendait que dans l'après-midi, que l'école était déserte, que le message n'était pas bien passé, que j'avais oublié de prendre des bonbons pour les petits, qu'il y avait le mot Love cousu sur mon pantalon.

    La lettre dit qu'elle s'appelle Jeannine, qu'elle est institutrice pour les plus petits et qu'elle ne parle pas le français. Mais qu'elle "doit" écrire cette lettre.

    Je balaie ma mémoire pour en extirper une image, je revois tous ces petits tabliers bleus, les roulades dans l'herbe à l'insu de la directrice, les joyeuses bousculades autour de la caméra, les parents lissant leurs vêtements sous le petit préau, mais je ne vois pas Jeannine.
    Il faudrait pouvoir tout capter, voir les signes, reconnaître les espérances, les regards, n'en rater aucun, ou ne jamais le savoir pour n'en regretter aucun.

    La lettre est l'histoire de millions d'autres Jeannine à Madagascar, l'argent qui manque et l'école à quitter brusquement pour devoir travailler. Simplement.
    Et puis une lettre pour inverser le destin de ses soeurs qui ne retourneront pas au collège en septembre. Ce n'est pas une supplique, juste une espérance, celle de "votre arrivée ici encore qui peut m'aider de résoudre l'écolage à payer. Selon la possibilité qu'il y en a".

    Et tout parait si possible, quand on s'y met un peu.

    J'ai un rallye à inventer et une lettre à écrire.
  • Alefa ! [Allez !]

    - Tu es sûre ???

    - Non... Pourquoi ?

    - Ah bon... pour rien...

    - Alors viens !

    Non, je ne suis sûre de rien...

    J'en traverse des ponts très improbables en espérant qu'au bout tout arrive. Que face à la misère, on sourit encore. Que face à l'inertie, on ne s'assseoit pas. Qu'on puisse juste croire plus fort que tout soit POSSIBLE.

     

    Même lentement, même en reculant, même en se cognant, "tant qu'on marchera, on avancera". Alefa ! on n'est plus si loin du bout du pont...